Coupes budgétaires régionales

11/12/2024
manifestation 28-11

Le SAAS, ce sont des Structures et Artistes Associés, Solidaires. À ce jour plus de 50 structures du spectacle vivant réunies dans le Maine-et-Loire. Et ce n'est qu'une partie de ce secteur dans le département. Une dynamique territoriale grandissante dans une intention forte de mutualiser, s'épauler, renforcer les solidarités. Pour nous, mutualiser, ça ne veut pas dire gérer la pénurie et organiser la précarité, mais au contraire développer les activités sur le territoire en faisant vivre et travailler de plus en plus d'artistes et de compagnies qui s'entraident, en partenariat avec les lieux et les collectivités du département.

Nous ne prétendons pas rassembler toutes les compagnies sur le territoire, loin de là, mais des réseaux comme les nôtres constituent pourtant un maillage important qui contribue à tous les moments de fêtes, de rencontre, d’art, de convivialité, de sensibilisation, d'émotions partagées, mais aussi de production, diffusion, développement d'activité, de rayonnement, etc

Mais si une institution aussi puissante et importante que la région abandonne ainsi son accompagnement au secteur culturel et artistique, c'est tout l'écosystème à la fois vaste et fragile, dont nous ne sommes qu'une petite partie, qui risque de s'écrouler. L’effet rebond d’une telle décision impactera bien au-delà des structures soutenues directement par la région. Si un festival disparaît, par exemple, toutes les personnes et les structures programmées ou employées sautent également, et toutes les personnes et les structures qui travaillent avec elles, jusqu’aux plus fragiles dont il faudrait pourtant prendre soin.

Difficile de mesurer tout ce que la multitude des activités artistiques et culturelles déclenchent, provoquent, apaisent, relient, génèrent collectivement. Et pourtant on sait ce qui arrive dans les endroits du monde où les arts sont réduits à « l'art officiel dans la ligne du parti au pouvoir », où la diversité culturelle ne peut plus s'exercer, où la liberté d'expression n'existe plus ou si peu.

Avec votre décision budgétaire sauvage, Christelle Morançais, vous rendez-vous vraiment compte du vide que vous risquez de laisser ? Et surtout de ce qui viendrait prendre la place ? Non plus de la solidarité, de l'entraide et de la mutualisation mais du sauve-qui-peut pour survivre, donc du chacun pour soi, du renfermement, du repli, de l'augmentation de la peur des autres et donc à terme plus de haines et de violences. Tout ce qu’une collectivité territoriale, quelle qu’elle soit, devrait tenter d’éviter.

Vous rendez-vous compte, Madame Morançais, de la chance que nous avons de vivre sur un territoire avec une telle diversité artistique et culturelle ? Nous y voyons encore beaucoup d'imperfections et d'améliorations possibles, d'inégalités à corriger. Mais c'est déjà le fruit de décennies de travail en complémentarité entre toutes les composantes de cet écosystème pratiquement unique au monde.

De quoi parle-t-on ailleurs en France et dans le monde en évoquant cette région ? Pensez-vous que sans activités culturelles et artistiques la région serait encore la "4ème destination touristique en France" comme vous le vantez sur le site du Conseil Régional ? Pourquoi une région auparavant sinistrée économiquement et humainement comme les Hauts-de-France mise-t-elle maintenant sur le développement culturel1 ? Une région de droite comme vous pourtant.

Et si cette vitalité régionale était justement un point d'appui fort pour affronter les incertitudes du monde à venir ?

C'est dans les moments de crise qu'il faut se serrer les coudes et non pas abandonner une partie de la population de cette façon. S'il faut faire des économies, ouvrez la concertation avec l'ensemble des personnes et des structures auxquelles vous voulez couper les vivres. Et dans tous les secteurs que vous allez fragiliser, pas seulement la culture, mais aussi le sport, l’économie sociale et solidaire, les missions locales, les réseaux actifs sur les questions tellement importantes de l'égalité femmes/hommes, etc... Vous trouverez dans tous ces secteurs des professionnels responsables et habitués à œuvrer en concertation.

Une région n’est pas une entreprise capitaliste qui impose un plan de licenciement. Vous faites partie, comme nous, d’un écosystème, celui de la démocratie, où l’on fait avec les autres, quelles que soient les difficultés pour le faire, et surtout pour des décisions aussi graves et impactantes.

À ce propos, posez également la question aux élus des collectivités territoriales de cette région, y compris à ceux de votre bord politique qui ne disent rien publiquement mais n'approuvent pas forcément votre décision. Qu’ils osent passer outre l’enfermement dans le soutien politique obligé s’ils ne sont pas d’accord avec cette décision !

Et ne renvoyez pas sur nous l'absence de dialogue avec les maires alors que vous décidez de ces coupes budgétaires sans concertation ! Nous sommes prêts à rencontrer tous les maires et tous les conseillers régionaux qu'il faudra pour que vous vous rendiez compte de l'impasse dans laquelle vous nous emmenez tous.

Partout dans la région et ailleurs en France, l’indignation grandit et les soutiens nous parviennent.

Nous ne somme pas ici pour entériner la mort de la vie culturelle et artistique en Pays de la Loire, mais pour l'empêcher ! Parce qu’il est encore temps d’enterrer cette décision absurde !